Le calicot des abbadiens

Le triomphe inoui à Vienne


Le Wanderer était à Vienne les 23 et 24 février pour les deux derniers concerts du cycle Beethoven. Au-delà des superlatifs désormais inutiles, nous voudrions revenir sur l'incroyable émotion collective qui a saisi la salle auguste du Musikverein après la IXème Symphonie.


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Non, ce n'est pas un Goya, mais les abbadiens déchainés

Claudio Abbado à Vienne

Vienne: notre Wanderer bouleversé

Une journée particulière

La journée a commencé le matin en répétition. Le directeur du Musikverein (exactement secrétaire général de la Société des amis de la Musique) est venu remercier l'orchestre de Berlin de sa prestation et se féliciter du succès d'un des sommets de la saison musicale viennoise.

Puis le représentant de l'orchestre prend la parole pour le traditionnel remerciement, et se tourne bientôt vers Claudio Abbado pour souligner que l'artisan du succès, c'est lui, et pour le remercier du cadeau qu'il a fait, lui, à l'orchestre en dirigeant ce cycle Beethoven. On comprend que le moment est émotionnellement fort. Il enchaîne sur la fusion qui existe entre l'orchestre et le chef et sur la joie de "zusammen musizieren", faire de la musique ensemble, sur les diz ans passèas ensemble et sur les souvenirs impérissables. Puis il prend Claudio Abbado et le serre très fort dans ses bras.

Qui dira désormais que le torchon brûle entre l'orchestre et son chef ?

Ce que nous entendons le soir, une Neuvième survoltée, menée à un train d'enfer, d'une énergie et d'une force incroyables, où il est visible, palpable que l'orchestre joue pour son chef, que tous sont là ensemble dans une communion qui va au-delà du concert réussi.

Et le public ne s'y trompe pas: la dernière note à peine jouée et éclate un tonnerre d'applaudissements, de hurlements, d'enthousiasme, avec une pluie de fleurs (à laquelle les abbadiens itinérants ne sont pas étrangers), mais dans cette joie collective, on remarque aussi un Boulez radieux - lui qui vient de diriger l'après-midi même une troisième de Mahler mémorable avec les Wiener Philharmoniker - quelques directeurs de salles de concerts européennes qui littéralement n'en reviennent pas, de vieilles viennoises qui viennent nous dire que jamais elles n'ont vu cela au Musikverein! Le public viennois ne veut pas partir, pendant 30 minutes, il scande sa joie, avec les mains, les pieds, les cris. Et Claudio Abbado de revenir sans cesse recevoir les hommages du public, seul, avec les solistes, et même plusieurs fois lorsque l'orchestre et le choeur sont sortis de scène.

Le public insatiable ne s'arrête pas là, des centaines de personnes attendent la sortie du chef à l'entrée des artistes, avec des fleurs, des calicots, là aussi les abbadiens itinérants sont présents, mais pas seuls, il ya au moins 300 personnes, qui obligent la voiture d'Abbado à s'arrêter, et Claudio, visiblement ému, de serrer des mains, de répondre à l'enthousiasme indescriptible qu'il a déchainé...

Stendhal a bien raison: "C'est pour ces moments là qu'il vaut la peine de vivre"