ABBADO ET LA PRESSE

Le Figaro
21
août 2003


19 & 20 août
19h30

Mahler: Symphonie n°2
"Résurrection"

Anna Larsson
Eteri Gvazava

Orfeòn Donostiarra
Lucerne Festival Orchestra


CLAUDIO ABBADO










































































































































































































































































































 

et autour










Jeudi 21 août 2003, p. 17

CULTURE

CLAUDIO ABBADO dirige le nouvel orchestre du festival

Superbe et éphémère

Christian MERLIN

SI CLAUDIO ABBADO passe à la postérité, ce ne sera pas seulement comme interprète, mais aussi comme bâtisseur d'orchestres. L'Orchestre de chambre d'Europe, c'est lui. L'Orchestre des jeunes Gustav-Mahler, c'est encore son idée. Et ne croyez surtout pas qu'à soixante-dix ans il ait décroché ! Avant-guerre déjà, Toscanini avait bien fondé au Festival de Lucerne une phalange spécifique réunissant pour un mois les meilleurs musiciens du moment, avec entre autres les frères Busch. Plus tard, la manifestation suisse y avait renoncé, se « contentant » d'inviter les plus prestigieuses formations du monde. Et voici Abbado qui dit : « chiche ». Et si l'on réunissait à nouveau des musiciens d'élite pour quelques concerts exceptionnels, non pas conçus pour justifier un salaire mensuel, mais comme une session de musique de chambre à grande échelle, pour le seul plaisir de jouer entre amis. Et avec son air de s'excuser de déranger, quand Abbado veut quelque chose, il l'obtient.

Lorsque l'on est entré dans la salle de concert du magnifique complexe culturel érigé par Jean Nouvel au bord du lac des Quatre Cantons, l'émotion était déjà grande avant d'avoir entendu une note. Il suffisait d'un regard panoramique sur les musiciens ! Les premiers pupitres des cordes ressemblaient à une reconstitution du Philharmonique de Berlin d'avant Rattle : fidèles à Abbado, le premier violon Kolja Blacher et l'alto solo Wolfram Christ sont revenus jouer en orchestre alors qu'ils avaient abandonné cette activité, fidèle aussi le violoncelle solo Georg Faust, et... mais oui, il n'y a pas de doute, le chef d'attaque des seconds violons, c'est bien Hans-Joachim Westphal, dont la barbe blanche de gourou illuminait déjà les concerts de Karajan il y a quarante ans, et qui est sorti de sa retraite pour l'occasion ! Emmanuel Pahud à la flûte, excusez du peu, et derrière lui toute la famille Meyer à la clarinette : la grande Sabine en solo, avec son frère et son mari en renfort. Mais scrutez aussi les anonymes du rang : tiens, voici Renaud Capuçon au troisième pupitre des violons, et son frère Gautier au fond des violoncelles, et puis les membres du Quatuor Hagen disséminés. Et regardez qui se tient à côté du violoncelle solo : rien moins que Natalia Gutman, la plus grande violoncelliste vivante après Rostropovitch, et qui joue en seconde position ! A côté de tous ces géants, un noyau compact de jeunes du Mahler Chamber : salutaire brassage des générations.

Mais un orchestre, c'est un corps sonore, un organisme : cette mosaïque allait-elle former un tout ? Dès l'attaque de la grandiose 2e Symphonie de Mahler, on est fixé : il n'y a plus que le collectif qui compte. Dans l'une des plus belles acoustiques du monde (dont Paris pourrait... mais non, ne rêvons pas), Abbado atteint des sommets. Dans cette oeuvre qui avait marqué ses grands débuts internationaux il y a plus de trente-cinq ans, il voit clair comme dans de l'eau de roche : cette sonorité à la fois aérienne et enracinée, cette transparence du tissu orchestral, ces phrases qui prennent le temps de respirer jusqu'au bout, il y a de quoi donner le frisson. Les 80 minutes de la symphonie ont passé trop vite tant elles coulaient de source, de pianissimi impalpables à des tutti d'une somptuosité jamais agressive, avec le sens exact du dosage et de la progression vers l'apothéose. Accueilli par des ovations debout, Abbado, hilare, semblait régénéré. Rarement cette symphonie aura aussi bien porté son surnom de « Résurrection », pour un chef que certains avaient un peu vite cru mort il y a trois ans.

Arte retransmettra ce concert le 21 septembre à 19 h. Festival de Lucerne : jusqu'au 20 septembre. Tél. : 00.41 226.44.00, www.lucernefestival.ch
























































































































































































































































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Cinesérie
«Claudio Abbado»
15 - 19 Août 2003


Dans le cadre du partenariat culturel LUCERNE FESTIVAL-ARTE e à l'occasion du Festival et du 70° anniversaire du chef duLUCERNE FESTIVAL ORCHESTRA seront présentés 4 films sur et avec Claudio Abbado .

Deux des films (17 et 19-8) seront présentés en exclusivité comme Avant-Première avant leur trasmission sur la chaîne culturelle ARTE .

Entrée libre

Vendredi 15 août, 22h00
Petite Salle - Kleiner Saal

Abbado Nono Pollini: Eine Kielspur im Meer

Ein Film von Bettina Erhardt und Wolfgang Schreiber

(BCE Film, 2000, 60')


Samedi 16 août, 21h00
Petite Salle - Kleiner Saal

Europakonzert du 1er Mai 2002 Teatro Massimo, Palermo

Berliner Philharmoniker, Claudio Abbado, Gil Shaham, Violino

Oeuvres de Beethoven, Brahms, Dvorak, Verdi

TV-Regie: Bob Coles; Produzent: Paul Smaczny

(NHK/VIDEAL/brilliant media)


Dimanche 17 août, 21h00
Petite Salle
- Kleiner Saal

Claudio Abbado dirige Schubert I (2002)

Concert del 20e anniversire du Chamber Orchestra of Europe à laCité de la musique Paris le 25.5.2002

Anne Sofie von Otter, COE, Claudio Abbado

TV-Regie: Andy Sommer

(ARTE France/Bel Air Media)

(40')


Mardi 19 août, 18h00
Petite Salle
- Kleiner Saal

Claudio Abbado dirige Schubert II (2002)

Concert del 20e anniversire du Chamber Orchestra of Europe à laCité de la musique Paris le 28.5.200


Thomas Quasthof, COE, Claudio Abbado

TV-Regie: Andy Sommer
(ARTE France/Bel Air Media)
(40')