ABBADO ET LA PRESSE Le Temps 14 août Wagner: La Walkyrie Bryn Terfel Lucerne Festival Orchestra CLAUDIO ABBADO
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et autour Tristan Cerf, Lucerne Pour l'ouverture, jeudi, du Lucerne Festival, le chef dirigeait l'orchestre, ressuscité après dix ans de silence et sublime de maîtrise et d'émotion, dans Wagner et Debussy. A 70 ans, malade mais en forme, Abbado couronnait le combat de Michael Haefliger, directeur du festival et artisan de son adaptation au monde moderne. Il est parfois facile, même sans les connaître, de rencontrer les stars d'un orchestre symphonique. Il suffit, au cocktail donné à la suite du concert, de se poster devant les plateaux de petits-fours et d'attendre. Jeudi soir à Lucerne, à l'issue du concert d'ouverture du festival, les musiciens du nouveau Lucerne Festival Orchestra n'ont pas résisté à la tentation. A peine sortis des loges, les instrumentistes, affamés par deux heures de Wagner et de Debussy, se sont rués sur la terrasse du Kultur und Kongresszentrum (KKL) pour y vider les plateaux, répétant en mangeant l'enthousiasme de leur interprétation. Ah! Les crescendos d'un orchestre neuf, de longues montées de plaisir et des débordements d'espoir! Dans les reflets d'un lac lunaire, parmi la foule repue de musique, on les reconnaissait, les musiciens, à leur odeur de lessive. Un polo propre juste enfilé, le col de travers qu'ils ont sorti d'un sac et échangé contre le smoking, encore chaud et humide des vapeurs de l'effort. La surprise valait bien l'attente. Dans cette assemblée de voyous de garden-party, on reconnaissait les représentants d'une élite internationale. Sabine Meyer, Renaud et Gautier Capuçon, Natalia Gutman, Sylvia Hagen, Emmanuel Pahud et Albrecht Mayer, notamment, jouent dans les rangs du Lucerne Festival Orchestra, entité renaissant de ses cendres, après dix ans de silence. A les voir tous réunis sous le même toit, on a bien compris qu'ils ne jouaient pas, ce soir, aux tarifs qu'ils demandent en temps normal. Ces stars-là ont toutes des enregistrements à succès à leur actif et des contrats faramineux avec les plus grands orchestres. Mais ne parlons plus d'argent, car à Lucerne ils jouaient surtout pour l'honneur et l'amour d'un chef. «Chuuuut!» Le bruit se répand sur la terrasse, imposant le silence: «Voici Monsieur Abbado». Le petit homme, qui s'avance dans l'air du soir et dont le regard trébuche sur les flashes, tirés par des groupies sans âge, vient d'offrir un triomphe au Lucerne Festival et probablement une place dans l'histoire de la musique à son directeur, Michael Haefliger. Depuis 1999, début de son mandat à Lucerne, ce dernier a réussi à moderniser le festival, à l'intégrer dans l'écrin monumental du KKL, à lui donner les moyens de supporter les évolutions du monde de la musique, les pressions de l'industrie du disque, les exigences du public et, même, à en faire un lieu de création contemporaine. Cette année, il a fait renaître l'orchestre du Festival, baptisé jeudi soir par la standing ovation d'un public ébahi. Michael Haefliger doit, disons-le, la bonne partie de ce succès à Claudio Abbado. A 70 ans, malade mais visiblement en forme, le chef a montré combien son métier se bonifiait avec l'âge. Tout a commencé par les adieux de Wotan, tirés du troisième acte de Die Walküre, clin d'œil à l'ouverture d'un festival consacré au «Ich» (Moi), à l'introspection et au narcissisme. Devant un orchestre sublime dans Wagner, Bryn Terfel chantait Wotan. La voix du baryton se porte bien au timbre du Dieu et son Wotan est un géant de séduction et de puissance. Les consonnes surtout, ces consonnes allemandes qu'il faut prononcer toutes et qui, normalement, s'accrochent à la mélodie, comme autant de pierres dans le jardin de la musique, Bryn Terfel, lui, les dispose avec soin, comme sur le chemin d'une promenade. On les saisit toutes au passage. Tout s'est terminé par La Mer de Debussy, interprétation ahurissante de rigueur et d'émotion et probablement parmi les meilleures de l'Histoire. On perçoit, ici aussi, le génie d'une longue carrière, celle d'un chef qui n'a presque connu que de bons musiciens. Entre les deux, l'orchestre a joué les suites tirées du Martyre de Saint Sébastien de Gabriele D'Annunzio, de Debussy également, avec deux sopranos, la Valaisanne Rachel Harnisch, remplaçant en dernière minute et avec succès Andrea Rost, souffrante, et Eteri Gvazava. Une œuvre moins transcendante, mais merveilleusement jouée.
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