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Ludwig van Beethoven (1770-1827)

Concerto pour piano et orchestre n°3 en ut mineur
Enregistré en public à Ferrare, Février 2003

Concerto pour piano et orchestre n°2 en si bémol majeur
Enregistré en public à Ferrare, Février 2000

Mahler Chamber Orchestra/Claudio Abbado
DEUTSCHE GRAMMOPHON 00289 477 5026

DIVA MARTHA

L’âge n’assagit pas la turbulente Martha Argerich : à 60 ans, passés, toujours rongée de doutes, dévorée d’inquiétudes (fera-t-elle mieux aujourd’hui qu’un Arturo Benedetti Michelangeli ou qu’un Wilhelm Backhaus autrefois ?), elle demeure imprévisible dans ses horaires comme dans ses décisions Va-t-elle répéter à partir de minuit, enregistrer à 3 heures du matin, annuler le concerto avec orchestre pour en interpréter une transcription pour deux pianos ?). Mais l’oiseau de nuit reste habité par la même volonté enthousiaste de partage, par la même soif inextinguible de perfection et de renouvellement. Les techniciens de la DG n’ont pas à regretter leur patience et leur disponibilité au Théâtre Communal de Ferrare, en février dernier. Le concert qu’ils ont capté live témoigne de l’état de grâce contagieux que la soliste insuffle à ses partenaires – les jeunes instrumentistes du Mahler Chamber Orchestra, nouvelle phalange d’élite talonnant les aînés du Chamber Orchestra of Europe, et le chef Claudio Abbado, un complice de presque quarante ans. Trempé à cette source de jouvence, le Troisième Concerto de Beethoven déploie son véritable profil conquérant et novateur. Ni la Première Symphonie, ni les six Quatuors de l’op.18 qui lui sont contemporains ne s’aventurent aussi loin dans le chamboulement du discours, ne creusent aussi audacieusement les vertiges intérieurs. Tantôt amazone, tantôt sphinx, Martha Argerich électrise l’énergie martiale du premier allegro, dramatise les silences et les ruptures du largo central, tamisé par l’orchestre d’un halo crépusculaire. Ce ton batailleur et douloureux s’affirme déjà dans le Deuxième Concerto ( qui complète cet enregistrement). Composé en fait le premier, et entrepris alors que Mozart était encore en vie, ce manifeste de jeunesse déclare au monde qu’un nouveau génie est éclos, qui ne sera ni un épigone, ni un clone du divin Wolfgang.

Gilles Macassar

Beethoven : Concertos pour piano et orchestre n°2 et n°3, avec Martha Argerich (piano), Mahler Chamber Orchestra, dir. Claudio Abbado 1 CD DG/Universal ƒƒƒƒ

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