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La chronique du Wanderer
N°8
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Les concerts du Festival de Pâques 2001
Le Gustav Mahler Jugend Orchester dirigé par Mariss Jansons
Comme on le sait, le Gustav Mahler Jugend Orchester a été fondé par Claudio Abbado lorsqu?il était à Vienne pour unir par la musique les jeunes des pays frontaliers du rideau de fer, en deçà et au delà. Le concept s?est élargi lorsque le mur de Berlin est tombé et aujourd?hui l?orchestre est composé de 26 nationalités qui vont de la Suisse au Kazakhstan. Faire de la musique langage international la clé d?un dialogue entre des cultures différentes est un but que Claudio Abbado a toujours poursuivi, et son récent engagement auprès des cubains, avec le même orchestre en est le dernier exemple.
Chaque année donc, à Bolzano, à la Cité de la Musique de Paris ou ailleurs, ont lieu des semaines de préparation des tournées sous la direction des plus grands chefs : Claudio Abbado, certes, mais aussi Pierre Boulez, Bernard Haitink, Franz Welser-Möst , Seiji Ozawa ou le regretté Vaclav Neumann, cette année, c?est Mariss Jansons qui a assuré la tournée de Paques et Ivan Fischer et Franz Welser-Möst assureront celle de l?été prochain. La plupart des jeunes instrumentistes viennent des conservatoires européens et ont un avenir quasi assuré dans la plupart des grandes phalanges européennes. Le Mahler Chamber Orchestra en est l?émanation la plus directe : fondé par Claudio Abbado en 1997, il est composé d?ex membres du GMJO et rapidement devenu un orchestre incontournable du paysage musical européen. La qualité de l?orchestre lui permet d?aborder tous les répertoires : Pierre Boulez lui a fait travaillé l?an dernier par exemple un programme fort difficile et sans concessions Stravinski, Scriabine, Berg, Webern, Varèse?.un régal ou pour alterner Bartok, Mahler Schoenberg, Debussy Ravel et l?on se souvient des impressionnants Gurrelieder du festival de Salzbourg (ainsi qu?à Bolzano, Lübeck, Edimbourg) en 1996.
Pour la tournée pascale, le GMJO présente un programme très « populaire », la Symphonie n°4 op.98 de Brahms et les Tableaux d?une Exposition de Moussorgski dans l?orchestration de Maurice Ravel. L?orchestre une fois de plus a fait preuve d?une qualité exceptionnelle : la jeune flûtiste notamment a été justement applaudie ainsi que les vents. Mais l?interprétation de Brahms voulue par Mariss Jansons est apparue une peu lente, un peu lourde, à la limite de l?agressivité. Tout cela manquait de dynamique et de fluidité. Certes, l?option de Jansons peut se défendre et tout est parfaitement construit et mis en place, mais il manque ce supplément d?âme qui font les grands concerts. Au contraire, Jansons, vrai chef du Nord, est plus à son aise dans les Tableaux d?une Exposition, et sait faire sonner l?orchestre jusqu?au climax, ce qui déclenche un grand enthousiasme du public. D?une redoutable précision, il fait de cette exécution un véritable morceau d?anthologie et enchaîne sur deux bis, la Valse lente de Sibelius et un extrait du Roméo et Juliette de Prokofiev, qui permet d?apprécier au plus haut point l?adaptabilité et la ductilité de l?orchestre, qui est évidemment d?une qualité très voisine de la plupart des grands orchestres internationaux, enthousiasme et fraîcheur en plus : une bien belle matinée et au total un beau concert.
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Brahms, Symphonie Nr 4 op.98
Moussorgski (Ravel), Tableaux d'une exposition
Mariss Jansons, Direction
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