REOUVERTURE DE LA SCALA La Tribune de Genève Riccardo Muti
opéra d'Antonio Salieri Luca Ronconi (mise en scène), Le 7 décembre.
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La Scala rénovée sert les ambitions de Milan Le plus célèbre théâtre lyrique du monde s’est doté d’un équipement d’avant-garde. Milan - Dominique Dunglas Publié le 11 décembre 2004 Smokings, robes longues et parures de pierres précieuses, des billets arrachés à plus de 2000 ? au marché noir, un maestro Muti au sommet de son art et un quart d'heure d'acclamations: la réouverture du théâtre de la Scala après trois ans de travaux a tenu toutes ses promesses mardi dernier. Certes, George W. Bush, Vladimir Poutine et Tony Blair dont on avait annoncé la venue ont décliné l'invitation. Mais le Conseiller fédéral Joseph Deiss, les premiers ministres bulgare, albanais et croate, Silvio Berlusconi et sept de ses ministres se pressaient dans le foyer autour d'une rayonnante Sophia Loren. Mondanités, mais aussi grande musique. Riccardo Muti avait choisi de présenter L'Europe reconnue d'Antonio Salieri. Une œuvre difficile qui n'avait été représentée qu'une fois, le 3 août 1778, justement pour l'inauguration de la Scala. Programmation ambitieuse mais parfaitement réussie. Seule fausse note: Silvio Berlusconi qui a commencé à jouer avec son téléphone portable au début du second acte… Respect de l'original Heureusement, la vedette de la soirée n'était pas le président du conseil mais la Scala, temple mondial du «bel canto» depuis deux-cent vingt-six ans avec son public fidèle et intransigeant, capable de siffler à la moindre fausse note un Pavarotti ou une Callas. Un théâtre glorieux, mais qui était usé jusqu'à la corde et ne répondait plus aux normes les plus élémentaires de sécurité et de confort - les habitués se souviennent des bagarres pour accéder durant les intervalles aux deux seuls WC destinés au public! Quatre changements de décors en six minutes Seule concession apparente à la modernité: la moquette a été remplacée par un parquet qui améliore l'acoustique et les fauteuils sont équipés d'un écran de traduction simultanée. En revanche, la machinerie de l'arrière-scène est un concentré de technologie d'avant-garde. La tour scénique est haute de 56 mètres. Scène et arrière-scène s'étendent sur 1600 m2 et sont divisées en une vingtaine d'éléments qui peuvent être élevés ou déplacés latéralement. Cette souplesse permet de faire se succéder quatre décors en moins de six minutes et à la Scala de présenter trois spectacles différents en alternance. Aucun autre théâtre au monde ne fait mieux… Les taulards apprécient Au début des années 90, sous les coups de l'enquête «mains propres», Milan était devenue le symbole de la corruption en Italie. Aujourd'hui, la page est tournée. La capitale lombarde aura bientôt la plus grande foire d'exposition au monde, de nouveaux gratte-ciel, un métro périphérique, une «cité de la mode». Et la Scala rénovée est le premier signe de cette renaissance. Les Milanais ne s'y sont pas trompés. Loin des fastes de la mondanité, ils étaient des milliers dans la rue à assister sur des écrans géants au concert d'ouverture. Et jusque dans la prison San Vittore, où les taulards ont bénéficié d'un permis spécial pour suivre le spectacle à la télévision, devant les splendeurs d'une Scala retrouvée on a crié «Musica Maestro!» • Edipresse Publications SA, tous droits de reproduction et de diffusion réservés.
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